Carmel de la Trinité
Metz-
Plappeville
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Je suis et serai toujours, par la grâce de Dieu, soumise à l’Eglise.(Ste Thérèse d'Avila-Demeures, prol.3)

Solennité de Notre-Dame du Mont Carmel
16 juillet 2019

Le cœur de l’homme abandonné au péché est desséché, incapable d’aimer en vérité. Pourtant, chaque être humain, parce que créé par Dieu et pour Dieu, créé à son image, porte en lui le désir de Dieu. L’homme a soif de Dieu – une soif particulière puisque beaucoup ne la ressentent pas. Et pourtant, elle est là, même profondément enfouie. Nous savons d’expérience que l’œuvre de l’Esprit dans nos vies consiste bien souvent, d’abord, à nous faire ressentir la soif – soif d’amour, soif de Dieu. Dieu veut se donner à nous, mais nous n’attendons rien ! Tel est notre problème spirituel. Nous sommes comme des ânes qui n’ont pas soif (on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif, paraît-il). C’est pourquoi, c’est une grande grâce lorsque Dieu nous fait ressentir la faim de sa parole, éprouver la soif de son amour, lorsqu’il nous donne réaliser notre pauvreté, notre indigence, comme le fils cadet de la parabole. Dieu le fait pour pouvoir nous combler, pour parvenir à nous rassasier, pour réussir à étancher notre soif. La Bible nous apprend que le plus grand danger spirituel que nous courons est d’être repus, satisfaits de nous-mêmes, pensant ne manquer de rien, autosuffisants, remplis d’orgueil. Au contraire, « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux ».

Les Pères de l’Eglise ont aimé voir dans la terre desséchée du temps d’Elie une image de l’humanité desséchée par le péché, une image du cœur sec de l’homme. De son côté, le Christ est préfiguré dans cette grosse pluie, tant attendue, dont le prophète annonce la venue imminente. Elle redonnera vie à la terre, comme l’eau du baptême et le don de l’Esprit redonnent vie à l’humanité. Du coup, le petit nuage préfigurateur est interprété comme une image de la Vierge Marie. Sa venue au monde précède immédiatement celle du Sauveur. Son « oui » a rendu possible l’accomplissement de l’œuvre du salut : « lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse » (deuxième lecture). Sur la Croix, Jésus appelle le disciple bien-aimé, c’est-à-dire chacun d’entre nous, à prendre chez lui Marie, « ta mère » (évangile).

C’est pourquoi Marie occupe une place si importante dans la vie de toutes celles et tous ceux qui s’engagent à la suite du Christ pour être ses disciples. Elle nous oriente vers son Fils et nous apprend à accueillir le don de Dieu. Par elle, le Christ fait pleuvoir sur nous cette eau (l’Esprit Saint) qui pénètre nos cœurs et donne à nos vies de porter du fruit. Sans cette grâce nous ne sommes que des arbres secs et stériles, rabougris, racornis, tout juste bon à être jetés au feu. Mais elle, Marie, est l’arbre splendide et verdoyant « planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps » (Ps 1), le plus beau fruit qui soit, Jésus Christ. Par le baptême nous avons été transplantés de la terre aride, désertique, jusqu’au bord du grand fleuve de la grâce. Les racines de notre être viennent s’abreuver à cette eau pour que nous portions à notre tour du fruit.

 

Marie a vécu à la perfection la vie de la grâce, sans y mettre le moindre obstacle. Sur le chemin de la grâce elle est notre mère, notre éducatrice, notre consolatrice. Elle est le modèle de la vie spirituelle, contemplative et active (en effet, ce que nous appelons vie spirituelle est la vie de l’Esprit en nous. Elle pénètre, toutes les dimensions de notre personne, l’intériorité psychique comme l’extériorité corporelle). Elle est le modèle de la sainteté – la seule chose qui compte.

 

Le sens chrétien de la foi ne s’y trompe pas qui vénère Marie de nombreuses manières et dans de multiples lieux. Depuis plus de huit cents ans l’église mère du diocèse de Paris, sa cathédrale est placée sous son patronage, Notre-Dame de Paris. La statue élevée devant le pilier sud de l’entrée du chœur a été miraculeusement préservée pendant l’incendie (de nombreux débris des voûtes et des poutres sont tombés autour d’elle sans qu’elle soit touchée). Nous prions Notre-Dame, pour la restauration de la cathédrale de pierre. Mais nous la prions davantage, mère de l’Eglise, pour la restauration de l’Eglise formée de pierres vivantes, elle aussi, elle d’abord, bien abîmée par les incendies qui la ravagent – abîmée mais toujours debout.

                                                                                                  Père Jacques DELONGEAUX, chapelain de Notre Dame de Paris